LE CHAMP D’ASILE
Le Champ d’Asile
Anonyme, vers 1819,
Blérancourt, Musée de la coopération franco-américaine
L’émigration française en Amérique du nord aura été, dés ses débuts et de tout temps, bien moindre que celle du monde anglo-saxon. De nombreuses tentatives souvent vaines en rythment l’histoire. Celle du Champ d’Asile mérite d’être signalée.
C’est en 1817, au Texas (alors territoire espagnol) qu’est fondée la colonie française du Champ d’Asile par une centaine d’anciens soldats bonapartistes. Elle copiait en fait un précédent essai nommé La vigne et l’olivier, fondée en Alabama et confié à des Français par le gouvernement américain. Dirigée par Charles Lallemand, ancien général de l’Empire couvert de gloire et vénéré par ses soldats, elle va rapidement péricliter puis disparaître quelques mois plus tard, tant à cause de la gestion catastrophique de Lallemand que de l’incompétence de soldats de métier que le Cincinnatus français avait voulu transformer en laboureurs.
La colonie, ou plutôt son image connaîtra, un certain succès en France devant des estampes publicitaires aussi attirantes qu’éloignées de la réalité.
(en haut)
Le Champ d’Asile
Anonyme, vers 1819,
Blérancourt, Musée de la coopération franco-américaine
La présente gravure illustre l’arrivée des nouveaux venus, soldats bien sûr, accueillis à bras ouverts par les anciens. Les malles sont défaites, la visite organisée et l’on découvre la future cité dont le plan est déjà tracé (Place Marengo, à droite). Nombre de candidats à l’exil ont pu rêver devant ces images, souvent enrichies de formules édifiantes : « le laurier sous leurs pas y croîtra sans culture ! »… Elles paraissaient encore à Paris alors que l’expérience avait déjà tourné court.
(en dessous)
Le Champ d’Asile,
Gravure par Alfred Johannot
In Œuvres complètes de Béranger, 1834
Varsovie, Biblioteka Narodowa (Bibliothèque nationale de Pologne)
Célèbre chansonnier, Pierre-Jean Béranger (1780-1857) a écrit un très grand nombre de chansons populaires, souvent irrévérencieuses, qui lui vaudront bien des soucis avec les autorités. C’est dans son recueil Oeuvres complètes de 1834 que figure Le champ d’Asile, et dont le premier couplet est fort édifiant :
Un chef de bannis courageux,
Implorant un lointain asile,
À des sauvages ombrageux
Disait : « L’Europe nous exile.
« Heureux enfants de ces forêts,
« De nos maux apprenez l’histoire :
« Sauvages! nous sommes Français ;
« Prenez pitié de notre gloire. »
Le texte était accompagné d’une vignette réalisée par le graveur Alfred Johannot (1800-1837) représentant les soldats conversant avec plusieurs Indiens, rencontre sinon improbable du moins originale entre la légende napoléonienne et le mythe de ceux qui bientôt deviendront des « Peaux-rouges ».
Cette image et la précédente (bien indépendamment de leurs commanditaires d’ailleurs) doivent être considérées à l’aune des nombreuses fondations de cités idéales, utopies démocratiques et agricoles inévitablement éphémères. Champ d’Asile en est un exemple, curieuse et paradoxale association entre l’image d’une Amérique « française » et l’attachement à l’Empire qui achève de la faire disparaître.
L’émigration française en Amérique du nord aura été, dés ses débuts et de tout temps, bien moindre que celle du monde anglo-saxon. De nombreuses tentatives souvent vaines en rythment l’histoire. Celle du Champ d’Asile mérite d’être signalée.
C’est en 1817, au Texas (alors territoire espagnol) qu’est fondée la colonie française du Champ d’Asile par une centaine d’anciens soldats bonapartistes. Elle copiait en fait un précédent essai nommé La vigne et l’olivier, fondée en Alabama et confié à des Français par le gouvernement américain. Dirigée par Charles Lallemand, ancien général de l’Empire couvert de gloire et vénéré par ses soldats, elle va rapidement péricliter puis disparaître quelques mois plus tard, tant à cause de la gestion catastrophique de Lallemand que de l’incompétence de soldats de métier que le Cincinnatus français avait voulu transformer en laboureurs.
La colonie, ou plutôt son image connaîtra, un certain succès en France devant des estampes publicitaires aussi attirantes qu’éloignées de la réalité.
(en haut)
Le Champ d’Asile
Anonyme, vers 1819,
Blérancourt, Musée de la coopération franco-américaine
La présente gravure illustre l’arrivée des nouveaux venus, soldats bien sûr, accueillis à bras ouverts par les anciens. Les malles sont défaites, la visite organisée et l’on découvre la future cité dont le plan est déjà tracé (Place Marengo, à droite). Nombre de candidats à l’exil ont pu rêver devant ces images, souvent enrichies de formules édifiantes : « le laurier sous leurs pas y croîtra sans culture ! »… Elles paraissaient encore à Paris alors que l’expérience avait déjà tourné court.
(en dessous)
Le Champ d’Asile,
Gravure par Alfred Johannot
In Œuvres complètes de Béranger, 1834
Varsovie, Biblioteka Narodowa (Bibliothèque nationale de Pologne)
Célèbre chansonnier, Pierre-Jean Béranger (1780-1857) a écrit un très grand nombre de chansons populaires, souvent irrévérencieuses, qui lui vaudront bien des soucis avec les autorités. C’est dans son recueil Oeuvres complètes de 1834 que figure Le champ d’Asile, et dont le premier couplet est fort édifiant :
Un chef de bannis courageux,
Implorant un lointain asile,
À des sauvages ombrageux
Disait : « L’Europe nous exile.
« Heureux enfants de ces forêts,
« De nos maux apprenez l’histoire :
« Sauvages! nous sommes Français ;
« Prenez pitié de notre gloire. »
Le texte était accompagné d’une vignette réalisée par le graveur Alfred Johannot (1800-1837) représentant les soldats conversant avec plusieurs Indiens, rencontre sinon improbable du moins originale entre la légende napoléonienne et le mythe de ceux qui bientôt deviendront des « Peaux-rouges ».
Cette image et la précédente (bien indépendamment de leurs commanditaires d’ailleurs) doivent être considérées à l’aune des nombreuses fondations de cités idéales, utopies démocratiques et agricoles inévitablement éphémères. Champ d’Asile en est un exemple, curieuse et paradoxale association entre l’image d’une Amérique « française » et l’attachement à l’Empire qui achève de la faire disparaître.