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L’ingénu de Voltaire

Voltaire, L’Ingénu (1767), « Mademoiselle, croyez-vous qu’il reprenne si tôt ses habits ? » In Œuvres complètes de Voltaire, Vol. 44, 1784-89 Dessin de Moreau le Jeune, gravure de Simonet, 1782 Bryn Mawr College Library, Special Collections, Rare Books and Manuscripts

Le succès des Indes galantes, jouées et rejouées durant quarante ans, avait entraîné la création d’un certain nombre de parodies et pastiches, tant sur la scène qu’en littérature. Voltaire, bien entendu, ne résistera pas à écrire la sienne, aujourd’hui célèbre : L’Ingénu (1767).

Le thème en est beaucoup plus sérieux et s’éloigne d’ailleurs de l’essai « galant » de Fuzelier ; ici une critique acerbe de la société française au travers des errements et surprises successifs d’un jeune Huron adopté en Bretagne.

Parce que le personnage principal de ce comte n’est ici que le porte-voix de son message philosophique et politique, Voltaire n’hésite pas à en caricaturer le caractère psychologique (naïveté, franchise). Cependant, l’auteur ne dérogera pas à la représentation traditionnelle du « bon sauvage » attachée  à l’image de l’Indien de la Nouvelle-France en cette fin du XVIIIe siècle. L’année suivante, s’inspirant clairement de L’Ingénu, Grétry composera Le Huron, opéra-comique sur un livret de Marmontel.

La première édition du comte voltairien  n’avait pas été illustrée. L’édition complète et posthume (1781-89) de ses œuvres, y associera des gravures par Moreau le Jeune (1741-1814). Celle-ci est la seule représentant notre Huron … dans le plus simple appareil : « Mademoiselle, croyez-vous qu’il reprenne si tôt ses habits ? »