L'EXPOSITION >

  > PLAN D’HOCHELAGA IN RAMUSIO, NAVIGATIONI E VIAGGI, 1556

PLAN D’HOCHELAGA IN RAMUSIO, NAVIGATIONI E VIAGGI, 1556

Imaginé par Gastaldi, d’après le récit de Cartier

C’est en 1535 qu’Hochelaga, village iroquoien laurentien, est visité par Jacques Cartier qui nomme le lieu Mont Realis en référence aux collines cernant région. L’explorateur en donne une description dans son récit de 1535 (Bref récit…) : une bourgade défendue par une palissade cernant une cinquantaine de « maisons longues », à l’instar de tous les villages du groupe iroquoien. Il ne  retrouvera pas le village lors de sa seconde visite, en 1541, probablement détruit par une incursion iroquoise, ou peut-être déplacé à la suite de l’épuisement des terres agricoles alentours, comme cela était souvent le cas.

Champlain y établira un poste de traite de la fourrure en 1611, par la suite abandonné devant les incursions iroquoises. Ce n’est qu’à partir de 1642, qu’à cet emplacement, est fondée une mission destinée à évangéliser les Indiens sous le nom de Ville-Marie. S’accroissant et se peuplant, Ville-Marie, en reprenant le nom que Cartier avait donné au lieu, deviendra plus tard Montréal.

Aucune illustration ne figurait dans les premières éditions des récits de Cartier. C’est donc pratiquement ex nihilo que le vénitien Giovanni Battista Ramusio y joint la présente gravure publiée en 1556 dans le 3eme tome de son ouvrage Navigationi e viaggi… (attribuée à Giacomo Gastaldi).

Comme l’on peut le noter, ce dessin n’a que fort peu de points communs avec la réalité, que ce soit du paysage (ici visiblement très italien avec ses champs cultivés et ses enclos) ou des villages indiens du Canada. Plan orthonormé, place centrale et rues aux tracés réguliers bordant des pâtés de maisons semblables, tout ici trahit les idéaux urbanistes de la Renaissance, projetés sur l’image idéalisée d’un âge d’or américain. Devant la porte d’entrée de la « ville », Cartier est accueilli par les notables indiens. Notons le serrement de main, tout à fait européen. Signalons également l’enfant chevauchant un bâton symbolisant un cheval (en bas à droite), image européenne s’il en est et bien peu conforme aux jeux d’un enfant amérindien, à moins que d’admettre qu’il imitait les cavaliers français…

Par cette gravure, Hochelaga devint ainsi la troisième cité américaine représentée par l’Occident, après Mexico et Cuzco.