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MAPPEMONDE DE PIERRE DESCELIERS, 1550

École franco-portugaise, Parchemin, 215 x 135 cm Londres, British Library

Le célèbre cartographe dieppois a réalisé plusieurs mappemondes au milieu du XVIe siècle (1543, 1546, 1553, 1556). Celle ce 1550 est probablement la plus intéressante pour notre propos.

Au centre, associé à une forteresse d’une architecture très européenne (royaume de Sagueney ?), un personnage domine l’ensemble par sa taille et sa tenue orientale. Les spécialistes y voient une représentation idéalisée de Jacques Cartier conversant avec un groupe de « Sauvages » fort agités. Il pourrait s’agir, sous toute réserve, de la fameuse anecdote des chamans de Donnacona (chef du village de Stadacona, près de l’actuelle Québec) tentant de dissuader les Français de se rendre à Hochelaga (Montréal aujourd’hui).

Tout autour du groupe central, plusieurs scènes animent l’ensemble de la carte. En bas à gauche, des ours, dont un ours blanc sur la banquise, chassent la morue, nouvelle allusion aux récits bien connus. Aux pieds et à droite de Cartier, deux villages sont figurés par les huttes de branchages : probablement représentations mal comprises des « maisons longues » des cultures iroquoiennes  Enfin plus en haut et à droite, dans les terres de l’Ouest encore inconnues, des « Pygmées » (ainsi dénommés par la légende) luttent contre de grands oiseaux (grues ?). Bien que de tels personnages aient été cités dans les récits de Cartier (d’après les propos de Donnacona), leur présence ici participe bien évidemment d’une géographie héritée des Classiques. Les deux licornes, visibles au-dessus et en dessous des dits Pygmées, en sont la preuve évidente.

Peu innovante, la carte de Desceliers aborde néanmoins un thème peu courant pour la région : la richesse minière. En haut et à droite, deux hommes, armés de pioches, éventrent une colline, référence probable aux efforts de Cartier dans sa recherche d’or.